Mes lectures d’adolescente

Comment mes lectures d’adolescente ont influencé ma vie d’adulte ?

La théorie qui va suivre n’est bien évidemment qu’une supposition. Je crois fortement que lorsque l’on lit énormément, et ce fut le cas pour moi durant l’adolescence, on s’inspire des personnages que l’on rencontre et on rêve de vivre leurs histoires même si elles ne commencent pas toujours très bien.

Cette réflexion est le fruit de multiples pensées lorsque je m’ennuyais en cours (oups, ça fallait pas le dire). Cette théorie ne s’applique pas à tous les lecteurs assidus, bien entendu, mais je pense que mes lectures d’adolescente ont réellement eu un impact sur ma vie d’ado et d’adulte.

Avant de parler des personnages et histoires qui ont participé, en partie, à me faire devenir l’adulte que je suis, je commencerais par les livres qui m’ont poussé à vouloir adopter le rôle de l’héroïne dans une histoire d’amour plus que complexe.

Comme beaucoup d’adolescente, j’ai succombé aux charmes du beau Christian dans 50 nuances de Grey et j’ai eu beaucoup d’admiration pour Anastasia Steele qui a réussi à changer cet homme sombre, torturé et hanté par son passé en un homme nouveau qui a trouvé la paix et a réussi à dépasser ses pulsions sadiques et ses colères pour aimer. De même pour Tessa et Hardin dans la saga After, ou encore les personnages de Love Game et Calendar Girl.

Ce que je vais raconter, ce sont des pensées et des ressentis d’une autre époque que je n’ai jamais confié à personne. Avant d’être dans cette fameuse relation dont je parle souvent, je lisais énormément de romance et je rêvais de rencontrer un mec génial dont je serais éperdumment amoureuse comme dans mes lectures. Je voulais une histoire d’amour hors du commun, qui ne ressemble à aucune autre. Parfois, il faut faire attention à ce que l’on souhaite très fort… Dès le départ, cette relation s’était construite sur de mauvaises bases : on s’était mis ensemble pour de mauvaises raisons, trop vite, sans avoir déjà une connaissance de l’autre ni de vrais sentiments. Je ne voulais plus être seule, je voulais être aimée. Il en avait tout simplement marre d’utiliser sa main droite le soir et d’être seul dans le lit (allez savoir s’il a développé une réelle affection ou des sentiments par la suite ou non, je ne le saurais jamais). Vous voyez, de très mauvaises bases. Par la suite, il a beaucoup joué avec moi, à me faire croire des choses horribles pour que je panique ou me sente trahie, ça a brisé ma confiance en moi, en lui. Au bout d’à peine un an, la relation était déjà pourrie mais je n’en savais rien. Après tout, c’était ma première relation, Anastasia et Tessa n’ont pas abandonné Christian et Hardin à la première difficulté alors je suis restée. J’ai subi ses réflexions, son ignorance quand il me l’imposait, ses colères, ses mauvaises humeurs, ses humiliations, son contrôle sur mon âme toute entière. Et là, vous vous dites « Mais c’est horrible, pourquoi t’es restée ? » Tout simplement parce que j’étais très attachée et je me disais que c’était qu’une mauvaise passe à surmonter ensemble. Surtout, il lui arrivait de savoir très bien se faire pardonner et d’être « parfait » pendant une longue période. Ces bons moments me faisaient oublier les mauvais. Puis, ça recommençait. Pendant quatre ans, ce fut les montagnes russes, à chaque fois de plus en plus intenses. Ma vie entière ne tournait qu’autour de lui. Vu que je n’avais eu aucune relation avant lui, je me basais sur ce que j’en savais, c’est-à-dire d’après mes lectures. Quel terrible modèle ! La différence entre la fiction de 50 nuances de Grey, Love Game, After et ma vie c’est que dans la fiction tu peux réellement influencer l’histoire pour avoir une fin relativement bonne ; dans la vraie vie, tu subis et tu te relèves. Il n’y a pas d’auteur pour embellir ce qu’il se passe, tu es le seul maître de ton histoire. Comme mes héroïnes préférées, j’ai voulu que tout finisse bien, qu’on soit tous les deux guéris de nos passées, de nos blessures, de nos défauts. Au final, il a gardé le contrôle sur ma vie durant ces quatre années et je n’ai rien changé chez lui. J’ai perdu beaucoup, des choses futiles comme des choses importantes.

Comme je le disais, à l’époque je désirais ressembler à ces héroïnes de romance érotique, je l’ai voulu. Alors, à ceux de mon passé qui disent que je cherche uniquement à me faire passer pour une victime : de un, votre avis m’importe peu ; de deux, lui comme moi étions mauvais pour l’autre donc nous sommes les deux victimes et responsables d’une relation qui n’aurait jamais dû naitre ; de trois, je m’en fiche qu’on ait de la pitié pour moi ou non, puisque je l’ai voulu. En bref, ces lectures, même si je les ai adoré, ont été de mauvais modèles pour moi.

Après cet énième et ultime récit de ma relation toxique, je vais passer aux lectures qui m’ont aidé à me reconstruire et à devenir une femme adulte. En plus de 50 nuances de Grey et After, qui n’ont pas eu qu’une mauvaise influence sur moi, j’aimerais parler de Reine de cendres, d’Avalon High et de la sage Une irrésistible envie de… de Meg Cabot. Ces dernières histoires sont des romans où la femme est une héroïne avec un fort caractère, qui s’affirme et qui n’a pas besoin d’un homme pour réussir. Pour certaines, elles sont devenues comme ça suite à une relation compliquée et d’autres étaient juste faites ainsi. Pour Reine de cendres et Une irrésistible envie de, ce sont des femmes avec un physique qui n’est pas dans la « norme ». Quel concept stupide ! Mais cela m’a permis de m’identifier à elles et de m’en inspirer pour m’affirmer dans la société. Et cette confiance en soi, les gens la perçoivent, c’est ce qui m’a permis de me sentir valorisée sans perdre du poids ou changer quoi que ce soit à mon physique. Bien évidemment, il reste toujours des idiots et idiotes pour penser qu’ils sont mieux que toi pour X raisons mais on les emmerde ! Une fois cette vérité passée, on se sent beaucoup mieux, croyez-moi.

En ce qui concerne Anastasia Steele, avant de rencontrer Christian Grey, elle réussissait déjà dans ses études et dans sa vie en général. Même après, lorsqu’elle a été engagée chez SIP Editions, elle ne le devait qu’à elle. Malgré sa promotion, ce sont ses compétences et son professionalisme qui lui ont permis de garder le poste d’éditrice (professionalisme bien qu’un peu douteux au départ étant donné que son cher mari avait pour habitude de la soustraire à ses obligations professionnelles). J’insiste sur ce personnage car c’est elle qui m’a donné l’envie de devenir éditrice et de m’informer sur ce métier. Elle a été la petite brindille qui a alimenté le brasier de ma passion pour les livres et de mon envie de travailler au sein d’une maison d’édition.

Si aujourd’hui je souhaite devenir une personne forte et indépendante c’est grâce, en partie, à ces modèles de fiction. Tout comme elles, je souhaite m’assumer peu importe mon physique, réussir professionnellement et sans l’aide d’un partenaire, et prouver ce que je vaux à ceux qui me pensent faible et insignifiante.

Il me semble utile de préciser que je ne dois pas ce que je suis uniquement à mes lectures mais aussi à mes parents qui m’ont éduqué, aux rencontres que j’ai faites, bonnes ou mauvaises et, peut-être, à une bonne étoile qui m’a toujours permis de voir le soleil derrière les nuages et de garder un espoir si puissant en l’avenir.

Pour moi, pour votre famille, vos amis, vos futurs amis, votre futur partenaire, vos futures enfants et surtout pour vous, s’il vous plait, restez forts même dans les pires moments, gardez espoir. La vie vaut la peine d’être vécue, il peut toujours y avoir du mieux. Gardez le sourire !

Merci de m’avoir lue. N’hésitez pas à réagir dans les commentaires, le bon comme le mauvais, je prends tout !